ce qui me touche dans la bougie, c'est...
sa flamme
aïe !
non,
en fait, les bougies, j’en ai rien à cirer
en fait ce ne sont pas tellement les bougies qui
m'intéressent, mais...
mais plutôt l’image des bougies
ou plutôt le processus qui peut m’amener
à représenter des bougies
disons : la condition d’existence de leur image
aïe
ce n’est pas clair
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à tâtons,
je m’aperçois que je ne sais pas parler de mes
bougies
j’ai passé des heures avec elles
elles m’ont été indispensables
et je ne sais rien en dire…
ce dont je peux parler
c’est ma façon de travailler
ce procédé que j’explore
et qui consiste à saisir par la photo
l’image reflétée dans une
« forme »
ou une « tache »
de peinture noire
aucun trucage
je n’utilise l’infographie que pour effectuer des
réglages
ou recadrages
mais
à quels sujets ce procédé
s’applique
pourquoi, à tel ou tel moment
je m’attache à tel ou tel motif
je ne le sais pas et préfère ne pas y penser
c’est affaire de hasard et de désir
c’est affaire de rencontre et de plaisir
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dans la réalité du travail
ma pensée se concentre sur de toutes petites choses
extrêmement précises, pointues
relevant de la technique ou de la plastique
quelle qualité de peinture me permettra d’obtenir
un reflet net ou au contraire brouillé ?
une épaisseur ou une coulée ?
vaut-il mieux placer une vitre ou une feuille de rhodoïd sur
la trace de peinture
pour obtenir une meilleure image ?
et comment éclairer la bougie pour mettre en valeur la cire
sans faire de reflets dans la vitre ?
dans les bougies, j’ai mêlé ces
possibilités
tout en ne travaillant que sur un seul et unique coup de pinceau
voici le genre de hasard que j’aime : en le
traçant, j’avais bien en tête
que mon coup de pinceau, par son format, sa longueur
pouvait figurer, d’une certaine façon, une bougie
et voilà que sa traînée finale (en haut
sur l’image)
a fait par hasard comme une petite flamme noire
je ne m’en suis pas rendu compte sur le coup
mais seulement en examinant les photos sur l’ordinateur
autre rencontre, préméditée celle
là : la possibilité de croiser la
coulée de peinture noire
avec celle de la cire blanche, la seconde se reflétant dans
la première
ainsi se met en place un jeu de croisements et d’inversions
bougie noire / bougie blanche, coulée noire /
coulée blanche, flamme noire / flamme lumière,
bougie entière / bougie consumée …
bougie allumée / bougie éteinte, fond noir / fond
blanc
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j’aime le principe de la variation
mes bougies sont toutes identiques
et toutes différentes : chacune est un
être
l’une d’elles vient de
s’éteindre
on distingue un filet de fumée
si, dans ce sens, j’en ai quand même à
cirer des bougies
j’ai pensé aux cierges des églises
j’ai pensé à georges de la tour et
à rembrandt
et à richter
et à boltanski
et à snow
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j’aime l’idée que la peinture puisse se
réduire à un coup de pinceau
un seul
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à la mémoire de qui ?
que chacun engage sa propre mémoire
moi, j’ai ma petite idée, mais elle ne regarde que
moi
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le plus important
c’est l’articulation de la trace
matérielle et de l’image
la première est là, presque là
identique à elle-même
mais pas vraiment là
la seconde est une image d’image
un écho, un reflet
elle n’est pas vraiment là non plus
alors, dans cette même distance, les deux peuvent se marier
j’ai cherché cela si longtemps
dans le cas des bougies
ce mariage se fait sous le sceau de la gravité
(c’est beau ! j’aime ce mot)
la peinture coule, par son propre poids
tandis que la flamme s’élève
on ne peut tricher ni avec l’une ni avec l’autre
les deux réunies donnent la verticalité
et donc la position de l’œuvre au mur
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je vais tenter une variante
avec du noir de fumée!
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si, je vais te le dire :
je sais bien qu’au fond
de la façon la plus intime
je dédie ad memoriam à mon père
jya